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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/308

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sent d’une bonne table & des petits avantages qui se rencontrent toujours dans une maison opulente.

La femme-de-chambre leur dit tout ce qui se passe, ils sont instruits des secrets du maître, de la maîtresse & des valets.

Ensuite viennent les précepteurs, qui sont aussi des abbés. Dans les maisons de quelqu’importance, on ne les distingue guere des domestiques. Pendant le cours de l’éducation on les ménage un peu : dès qu’elle est finie, on leur donne une pension modique, ou on leur fait avoir un bénéfice ; puis on les congédie. Le peu d’estime qu’on leur accorde, est cause qu’ils négligent leurs éleves ; mais comment s’est-on imaginé qu’un mercenaire, pour douze cents francs par an, vous formera un homme ? On lui a imposé la tâche la plus difficile & la plus incertaine. D’ailleurs, nemo dat quod non habet. Il n’y a qu’un homme supérieur, qui puisse réellement donner des sentimens à un autre être, & réformer son ingrate ou perverse nature.