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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/44

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lir ; les femmes, qui vivoient dans la solitude & dans les devoirs de l’économie domestique, se sont trouvé flattées d’attirer les regards ; leur coquetterie, leur ambition naturelle y ont trouvé leur compte ; elles ont brillé près du trône, à raison de leurs charmes. Il a fallu que leurs esclaves ne s’éloignassent point du séjour de leur puissance ; elles sont devenues les reines de la société & les arbitres du goût & des plaisirs ; elles ont vu avec indifférence leurs peres, leurs époux, leurs fils humiliés, pourvu qu’elles continuassent à s’agiter dans le tourbillon des cours ; elles ont transformé de pures bagatelles en importantes affaires ; elles ont créé le costume, l’étiquette, les modes, les parures, les préférences, les conventions puériles ; enfin elles ont renforcé la pente à l’esclavage. Les hommes conduits, dirigés par elles, peut-être à leur insu, n’ont plus eu d’autre ressource que de tendre des mains avides autour du dispensateur des graces & de l’argent : l’art de faire fortune a été l’art du courtisan ; le