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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/48

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à vingt-sept ans avec les maladies, avec les hommes, & encore plus avec les livres, j’eus plusieurs sortes d’idées, de plaisirs & de douleurs ; quand j’appris à connoître les privations & les jouissances ; plus foible d’imagination parce que je l’avois enrichie & amollie par les arts, je trouvai le systême de Jean-Jacques moins délectable ; je vis qu’il étoit plus commode d’avoir du pain avec une petite piece d’argent, que de faire des chasses de cent lieues pour attraper du gibier ; je sus bon gré à l’homme qui me faisoit un habit, à celui qui me voituroit à la campagne, au cuisinier qui me faisoit manger un peu par-delà le premier appétit, à l’auteur qui avoit fait une piece de théatre qui me faisoit pleurer, à l’architecte qui avoit bâti la maison commode où je trouvois bon feu dans l’hiver, & des hommes agréables qui m’enseignoient mille choses que j’ignorois.

Alors je vis les sociétés sous un autre jour, & je me suis dit : il y a moins de ser-