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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/75

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& fatigue horriblement le commerce.

Dès qu’on est sur le pavé de Paris, on voit bien que le peuple n’y fait pas les loix : aucune commodité pour les gens de pied ; point de trottoirs. Le peuple semble un corps séparé des autres ordres de l’état ; les riches & les grands qui ont équipage, ont le droit barbare de l’écraser ou de le mutiler dans les rues ; cent victimes expirent par année sous les roues des voitures. L’indifférence pour ces sortes d’accidens fait voir que l’on croit que tout doit servir le faste des grands. Louis XV disoit : si j’étois lieutenant de police, je défendrois les cabriolets. Il regardoit cette défense comme au-dessous de sa grandeur.

Que l’on dise à un tranquille habitant des Alpes, qu’il y a une ville où des citoyens poussent leurs chevaux à toute bride sur le corps de leurs concitoyens, qu’ils en sont quittes pour payer une légere somme, & qu’ils peuvent recommencer le lendemain ; il taxera le Parisien de mensonge, & n’osera