Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome I, 1782.djvu/76

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 55 )

faire entrer dans sa mémoire l’image de cette barbarie.

Le peuple est mou, pâle, petit, rabougri ; on voit bien au premier coup-d’œil, que ce ne sont pas là des républicains : à ceux-ci appartient un autre caractere qu’au sujet d’un monarque. Que celui-ci soit poli, sybarite, sans mœurs fortes ; il n’a d’autre consolation que les jouissances trompeuses du luxe. Ce n’est que le républicain qui déploie cette rudesse, ce geste tranchant, cet œil animé, qui conservent l’énergie des ames, & soutiennent le patriotisme.

Si le citoyen ne marche point sur le pavé, la tête haute, prêt au pugilat, il perdra sa valeur réelle : tant les vertus orgueilleuses des états tiennent à une certaine rudesse ! Elle peut offenser un œil efféminé, mais elle n’en est pas moins la sauve-garde des empires qui veulent rendre leurs forces respectables.

Le nerf, &, s’il faut le dire, l’insolence du peuple sera toujours le gage de sa fran-