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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/100

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se trouve de niveau à l’œil du curieux. Il a de grandes manchettes, une longue perruque à bourse, un poignard de bois, teint en rouge, dans sa dextre ; & les soubresauts qu’on imprime au mannequin sont tout-à-fait plaisans, si l’on considere que c’est un sacrilege que l’on fait danser ainsi.

Les usages les plus constans ne forment donc qu’un tableau très-équivoque de la véritable croyance d’un peuple : c’est le plus souvent un spectacle pour la populace, & rien de plus.

Nos plus majestueuses cérémonies n’ont pas d’autre fondement. Ainsi l’on se sert encore de la sainte-ampoule pour oindre nos rois. Personne dans l’assemblée ne croit assurément qu’elle soit descendue du ciel au bec d’une colombe. Personne ne croit à la guérison miraculeuse des écrouelles par l’imposition & l’attouchement des mains royales. Cependant l’on se servira toujours de la petite fiole, & les monarques toucheront toujours les écrouelleux sans les guérir.