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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/101

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Que de faits pareils, chez les voyageurs, ont donné lieu parmi nous aux assertions les plus fausses ! Rien de plus trompeur que les cérémonies publiques, lorsqu’on ne rapproche pas de l’esprit de leur institution l’esprit qui regne quelques siecles après.

On promenera donc encore le Suisse de la rue aux Ours, pour le plaisir & la récréation des petits Savoyards que cela amuse beaucoup. Ils l’accompagneront dans toutes les rues, en riant & dansant ; & dans la joie de leur cœur, ils attendront pour le soir les fusées & les pétards qui doivent crever avec explosion dans les flammes du bûcher.

Autrefois ce même peuple a vu brûler le Suisse iconoclaste en réalité, & s’en est réjoui de même. Cette jurisprudence de nos aïeux est un peu changée & adoucie : ce qui prouve qu’il vaut mieux voir jeter au feu le mannequin que l’homme ; mais quand ne brûlera-t-on plus le mannequin ?… je n’en sais rien.