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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/111

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gauche, marcher mal, s’asseoir mal, se moucher de travers, renverser des sieges, danser comme un philosophe, & blesser même le petit chien ; mais la bonté du cœur, l’affabilité naturelle se distingueront toujours à travers l’ignorance du costume & des coutumes : & c’est cette affabilité qui constitue par-tout & même à Paris la vraie politesse.

Mais on s’imagine en même tems, que ce don de plaire peut tout remplacer. On ne craint plus de rougir, pourvu que les manieres n’aient rien que de gracieux, l’esprit rien que d’ingénieux, les raisonnemens, rien que de captieux. Sous un certain masque de bienséance on justifie en d’autres termes l’art de ramper & de s’enrichir bassement : on donne à plusieurs sortes d’avilissement des noms pompeux : on appelleroit volontiers servir l’état, la servitude auprès des grands ; & bientôt on voudra nous persuader que le métier cupide de courtisan est le métier le plus glorieux.