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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/13

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Une fameuse courtisanne avoit chez elle un almanach royal. Quand il arrivoit quelqu’un, il falloit qu’il lui montrât son nom ; s’il n’y étoit pas, elle jugeoit ce vulgaire mortel indigne de ses faveurs, & dès lors sa porte lui étoit fermée.

Fontenelle disoit que c’étoit le livre qui contenoit le plus de vérités.

Que de réflexions on fait en parcourant cet almanach ! On frémit, quand on voit seize colonnes en petit caractere, chargées de noms de procureurs, lorsqu’on suit la liste de deux cents médecins, de cent cinquante apothicaires, sans compter les huissiers exploitans. On se perd dans le nombreux domestique de la maison des princes. Quelle valetaille sous tant de noms divers, & qui cherchent à parer leur servitude !

Plus bas vous verrez combien le public entretient de notaires, d’avocats, de greffiers & autres gens de plume. Il faut que tout cela vive. Quel régiment dévorateur !

Calculez ensuite combien de mille livres