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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/14

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chaque évêché enleve tous les ans à la terre & aux pauvres cultivateurs les sommes immenses que coûtent les successeurs des humbles apôtres ; vous serez vraiment effrayé ; on ne l’est pas moins, lorsqu’on monte aux classes supérieures : ces personnages n’ont que des titres qui annoncent l’oisiveté, & tout l’or de la nation les couvre. Que de bouches sucent & rongent le corps politique ! C’est le catalogue des vampires.

Ceux qu’on voit sur cet almanach ne sont ni cultivateurs, ni commerçans, ni artisans, ni artistes, & c’est néanmoins la partie de la nation qui régit entiérement l’autre. Anéantissez en idée tous ces noms, la nation ne subsisteroit-elle pas encore ?… Oh ! très-bien, je vous l’assure.

Cet almanach rapporte près de quarante mille francs par année. Jamais l’Iliade ni l’Esprit des loix n’ont rapporté autant à leurs imprimeurs. Homere eût-il imaginé qu’on imprimeroit tant de noms dévoués à mourir dans la plus profonde obscurité, malgré le