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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/141

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La naissance du Dauphin en 1781, a été dans la capitale & dans les provinces, le signal d’une foule d’actions généreuses & patriotiques ; on a délivré des prisonniers, on a doté des filles ; on a adopté des orphelins : le bien se fait donc au milieu de tant de légéreté & d’inconséquence, & la bienfaisance regne parmi la dissolution des mœurs ; c’est qu’on a senti que la bonté de l’ame étoit la vertu premiere, que le plaisir d’obliger avoit quelque chose de céleste & de divin, que le grand crime & le seul peut-être étoit la dureté de cœur, que l’avarice enfin devoit être considérée comme le vice le plus méprisable & le plus funeste.

Nul homme n’est dispensé de faire le bien ; le plus pauvre doit encore payer son tribut à l’infortuné : un rien lui rend quelquefois la vie ; ce n’est point toujours de la monnoie qu’il faut, ce sont des soins, des avis, une visite, une simple démarche, un placet présenté à propos.