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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/154

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Halle : leurs montures sont lasses & fatiguées ; ils viennent de sept à huit lieues.

La Halle est l’endroit où jamais Morphée n’a secoué ses pavots. Là, point de silence, point de repos, point d’entr’acte. Aux marayeurs succedent les poissonniers, & aux poissonniers les coquetiers, & à ceux-ci les détailleurs ; car tous les marchés de Paris ne tirent leurs denrées que de la Halle : c’est l’entrepôt universel. La hotte qui s’éleve en pyramide, transporte tout ce qui se mange d’un bout de la ville à l’autre. Des millions d’œufs sont dans des paniers qui montent, qui descendent, qui circulent, &, ô miracle ! il ne s’en casse pas un seul.

L’eau-de-vie alors coule à grands flots dans les tavernes. Cette eau-de-vie est mélangée d’eau, mais fortement aiguisée par du poivre-long. Les forts de la Halle & les paysans s’abreuvent de cette liqueur ; les plus sobres boivent du vin. C’est un bourdonnement continu. Ces marchés nocturnes se passent dans les tenebres. On croiroit voir un