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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/155

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peuple qui fuit les rayons du soleil, & qui l’a en horreur.

Les commis de la marée ne voient jamais, pour ainsi dire, l’astre du jour, & ne se retirent que quand les réverberes pâlissent : mais si l’on ne se voit pas, on s’entend ; car l’on crie à tue-tête ; & dans la confusion de ces clameurs universelles, il faut bien posséder l’idiome du lieu, pour savoir d’où part la voix qui vous interpelle. Les mêmes scenes se passent à la même heure au quai de la Vallée. Il s’agit là de lievres, de pigeons, au lieu de saumons & de harengs.

Ce tumulte non interrompu forme un contraste avec le sommeil qui occupe le reste de la ville ; car à quatre heures du matin il n’y a plus que le brigand & le poëte qui veillent.

À six heures, les boulangers de Gonesse, nourriciers de Paris, apportent deux fois la semaine une très-grande quantité de pains : il faut qu’ils se consomment dans la ville ; car il ne leur est pas permis de les remporter.

Bientôt les ouvriers s’arrachent de leurs