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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/167

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remplissent dès le matin. Les commissaires ne doivent pas sortir de chez eux ces jours-là ; car le guet leur amènera un plus grand nombre de délinquans. Plusieurs sortiront de la guinguette que pour aller coucher en prison.

On voit peu de masques pendant le carnaval, depuis une trentaine d’années ; soit que le peuple se soit dégoûté de ce plaisir, qui veut une liberté entiere, soit plutôt qu’il ait trop peu d’aisance pour figurer sous un élégant domino. Mais vers les trois derniers jours, la police attentive à la représentation extérieure de la félicité publique, d’autant plus que la misere regne, paie à ses frais de nombreuses mascarades. Tous ses espions & autres garnemens se rendent à un magasin où il y a de quoi habiller deux ou trois mille chianlits. Ils se répandent ensuite dans les quartiers, & vont par bandes crottées au fauxbourg Saint-Antoine. Là, ils figurent une alégresse publique, fausse & mensongere.