Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/168

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 166 )

Plus les années sont désastreuses, plus on a recours à une imposture plus fortement caractérisée ; mais elle perce à travers les guenilles sales & usées dont le peuple est couvert : car on a beau vouloir représenter les scenes riantes & animées de la folie ; on n’y parvient pas quand le cœur est mécontent ; sa marotte est sans énergie & sans graces, ses grelots sonnent mal dans ces froides orgies ; ils ne sont qu’une discordance plaintive à l’oreille qui sait entendre. Rien n’est plus attristant que de voir un peuple à qui on commande de rire tel jour, & qui se prête bassement à cette avilissante ordonnance.

Tandis que la police soudoie ces masques, les prêtres exposent le Saint-Sacrement dans les églises, parce qu’ils regardent comme une profanation ce que le gouvernement autorise. Mais ce n’est là qu’une des moindres contradictions qui se trouvent entre nos loix, nos mœurs & nos usages.

Pendant le carnaval, la vie des femmes de