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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/170

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se donnent dans les derniers jours du carnaval ; mais une fois apprises, elles se prolongent pendant tout le carême, dans un tems de sainteté & de mortification : de sorte que jamais le spectacle n’est moins honnête que lorsqu’il devroit l’être le plus.

La loi de l’église, qui ordonne l’abstinence de la viande, est si gênante, si incommode, si peu praticable au milieu d’une immense population, que la police a fait ouvrir les boucheries pendant tout le carême. Elle a fait très-sagement, parce que la subsistance générale & aisée est la premiere loi civile, & qu’une méthode contraire attaquoit la santé & la liberté du citoyen.

Cette vieille loi, plus bizarre qu’utile, tombe donc en désuétude, ou plutôt nous remontons aux premiers siecles de l’église, où la volaille en général étoit regardée comme un aliment maigre. Cette heureuse opinion étoit fondée sur le récit de la Genese, qui dit que les oiseaux & les poissons furent créés le même jour : ce qui nous autorise à les assi-