Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 17 )

en silence l’ouvrage & le nom burinés, & sont intérieurement jaloux.

Anciennement le Mercure distribuoit des fadeurs ; il devint tout-à-coup incivil & dur entre les mains d’un pédant. Ensuite la sécheresse & la sottise le défigurerent, & l’art du sousligneur fut pris pour l’art du critique. On est étonné de voir des écrivains imberbes ou sans nom, jugeant les arts avec une emphase ridicule ou monotone, & Don-Quichottes du bon goût, s’escrimer pour sa cause sans le connoître. Quelques futiles remarques, quelques chicanes minutieuses, voilà tout ce qu’on y trouve. Oh, combien de petits auteurs à Paris sont habiles à disserter sur des riens !

Comme c’est une entreprise mercantille, & que plusieurs sont intéressés à ce qu’elle soit lucrative à cause des pensions (car, qui le croiroit ? d’honnêtes gens vivent de ces mauvais vers & de cette sotte prose), on en a remis le brevet au sieur Pankouke, non imprimeur, mais libraire. Il soudoie des