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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/212

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de joie ne cédera point le pas à un archevêque. Tous ces différens états à la file, & les cochers qui parlent leur langue scandaleusement énergique devant la robe, l’église & les duchesses ; les porte-faix du coin, qui leur répondent du même style : quel mélange de grandeur, de pauvreté, de richesses, de grossiéreté & de misere !

Entendez-vous la petite voix aigre de la marquise impatientée, qui se mêle aux juremens effroyables d’un charretier apostrophant l’enfer & le paradis ? Tout dans ce tableau mouvant de vis-à-vis, de berlines, de désobligeantes, de cabriolets & de carrosses de remises, paroît bizarre, singulier, risible.

Voyez dans l’équipage à glaces la laide femme de qualité avec son rouge, ses diamans, sa pâte luisante sur le visage ; tandis que la roturiere tout à côté, sous une simple robe, est brillante de fraîcheur & d’embonpoint.

Voyez le prélat enfoncé dans ses coussins, ne pensant à rien, étalant sa croix pectorale ; tandis que le vieux magistrat, dans une an-