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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/211

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Devant une voiture dorée, doublée de velours, attelée de deux chevaux d’une taille égale & parfaite, dont les glaces transparentes offrent une duchesse dans tout l’éclat de sa parure, se traîne un fiacre tout délabré, couvert d’un cuir brûlé, & qui, pour glaces, a des planches. Le malheureux harcele & fouette deux chevaux, dont l’un est borgne & l’autre boiteux. Cette voiture traînante arrête l’impatience des coursiers à la bouche écumante, dont on contient à peine l’ardeur. Le brillant équipage est obligé de modérer son pas jusqu’au carrefour voisin ; il s’élance alors comme un trait, broyant le pavé, dont il fait jaillir des étincelles. Comparez son vol à la marche pesante de ces lourds chariots qui roulent péniblement sous des masses énormes, & effraient le passant qui tremble d’être applati sur la borne que leur essieu déplace.

Un procureur, pour sa piece de vingt-quatre sols, arrête le garde des Sceaux ; un recruteur, un maréchal de France. La fille