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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/227

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Les premiers ouvrages en faveur de l’inoculation sont sortis du sein de la capitale, & les Suisses ont adopté ces vues heureuses. Tandis que nous nous épuisions en stériles brochures, que nous combattions l’évidence, que les prêtres se mêloient de ces questions purement physiques, un peuple sage, qui se rit de la superstition & qui étend la liberté dont il connoît le prix, saisissoit les bienfaits de l’inoculation, & nous laissoit la folie des disputes & l’opiniâtreté de l’aveuglement.

Mais le bon sens est peut-être à Paris la faculté la plus rare, & beaucoup plus rare que l’esprit même ; c’est le bon sens qui manque à cette foule d’habitans : si on les examine de près, ils ont tous plus d’esprit & d’imagination que de logique. Le bon sens, plus commun dans les républiques, appartient moins à un peuple qui n’a point une existence politique ; il ne se donne pas la peine de chercher la vérité : qu’en feroit-il ? Chacun est indifférent à tout ce qui ne constitue pas sa profession particuliere,