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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/226

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fronts ont conservé cet éclat qui ajoûte aux traits de la beauté.

Mais si je me promene dans Paris, je vois avec chagrin que les vieux préjugés n’y sont pas détruits : c’est encore un spectacle affligeant que de rencontrer des visages défigurés, sur des bustes d’ailleurs gracieux. On a fait intervenir jusqu’à la religion comme obstacle à un usage adopté aujourd’hui chez tous les peuples raisonnables, & l’on ne sait combien de tems encore la beauté parisienne sera soumise à cette grêle affreuse qui épargne les campagnes & les villes de l’heureuse & tranquille Helvétie.

Pourquoi le Parisien s’obstine-t-il à voir le nez & les joues de ses filles rongés & cicatrisés, leurs yeux éraillés, lorsqu’elles pourroient conserver ce poli qui avec la grace qui les anime, en feroit les plus charmantes créatures de l’Europe ? car leur démarche, leur maintien, leurs habillemens ont un agrément qui les distingue des femmes des autres peuples.