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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/243

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qu’on le lit par-tout, qu’on en admire les idées neuves, fortes, grandes & justes, l’avocat-général vient à la barre de la cour, fait un requisitoire plein de non-sens & assaisonné de déclamations ; il détache quelques phrases à la mode des journalistes & les sousligne. Le livre est condamné à être brûlé au pied du grand escalier ou de l’escalier S. Barthélemi, comme hérétique, schismatique, erroné, violent, blasphémateur, impie, attentatoire à l’autorité, perturbateur du repos des empires, &c. Il n’y a pas une seule épithete à rabattre.

On allume un fagot en présence de quelques polissons oisifs qui se trouvent là par hasard ; le greffier substitue une vieille Bible vermoulue au livre condamné ; le bourreau brûle le saint volume poudreux, & le greffier place l’ouvrage anathématisé & recherché, dans sa bibliotheque.

Encore étourdi du coup de massue que lui a porté le chancelier Maupeou, ce corps ne sait plus quelle route tenir ; ses idées sem-