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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/264

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former, afin de ne pas compromettre son premier avis, qui seroit cassé avec dépens.

Du tems de Louis XIV, la cour étoit plus formée que la ville ; aujoud’hui la ville est plus formée que la cour. Leurs idées s’accordent rarement : ce qui ne doit pas étonner ; car l’instruction reçue est trop différente, pour ne pas dire opposée. La cour se tait sur plusieurs points, par prudence & même par timidité : tant la conscience nous en dit plus que l’adulation n’a voulu nous en faire croire ! La ville parle avec assurance sur tout & sans relâche ; la cour sent qu’elle ne doit pas trop hasarder son prononcé sur nombre d’objets, de peur du retour. La ville, où sont tous les arts & toutes les lumieres, qui se prêtent une plus grande force par leur mêlange, décide hardiment, parce qu’elle sent sa force, & qu’elle est plus sûre de son tact tant de fois éprouvé : & l’autre estime confusément qu’il lui manque plusieurs données propres à confirmer son opinion.

La cour a donc perdu cet ascendant qu’elle