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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/289

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solides & les inventions hardies.

Cet enchaînement est de fait chez toutes les nations, & la vraie raison n’en est pas clairement démontrée, sinon que l’homme commence par sentir, & que, dès qu’il sent, il ne tarde pas à raisonner ses sensations. Le monde moral ressemble peut-être au monde physique, où les fleurs précedent constamment les fruits : & voilà de quoi réconcilier les farouches ennemis des graces avec les légers sectateurs de la brillante littérature.

C’est donc de cette premiere impulsion que dépendent les bonnes loix. Il semble qu’il faille nécessairement commencer par les paroles, pour arriver ensuite aux idées ; & l’on peut remarquer que tout établissement a eu primitivement l’empreinte de l’agréable & du beau. Seroit-ce une marche constante de la nature ? Ainsi l’enfance de l’homme est gracieuse & riante, & l’âge mûr est utile. Ainsi tous les arts se montrent d’abord sous une superficie brillante, & parlent à la sensibilité de l’homme bien avant de former sa raison.