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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/288

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d’amateurs que n’auront point les sciences exactes qui, outre une certaine sécheresse, exigent des avances, & n’offrent pas tout-à-coup de pareilles jouissances. Les lettres trompent l’ennui, la solitude, l’infortune ; amusent tous les âges, remplissent tous les instans ; & Cicéron, quoiqu’homme d’état, en a fait un éloge qui a toujours les graces de la nouveauté, parce qu’il a été généralement senti dans tous les siecles.

Qui croiroit, au premier coup-d’œil, que les découvertes, les inventions utiles, les arts méchaniques, les meilleurs systêmes politiques dépendent de la culture des belles-lettres ? Elles ont toujours précédé les sciences profondes ; elles ont décoré leur surface, & c’est par cet artifice ingénieux que la nation les a adoptées, puis chéries. Tout est du ressort de l’imagination & du sentiment ; même les choses qui en semblent le plus éloignées. Il suffit quelquefois de faire poindre l’aurore des lettres dans une contrée barbare, pour lui donner bientôt les arts