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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/299

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famille ; il la pompe, la desseche, pour briller un instant dans le séjour de la licence.

La jeune fille soupire & gémit de ne pouvoir accompagner son frere. Elle accuse son sexe & la nature. Elle se déplaît dans la maison paternelle. Elle se peint avec feu les plaisirs de la capitale, & la splendeur de la cour. Elle y rêve toute la nuit. Elle voit l’opéra ; elle est sur les remparts, elle se promene dans un char superbe : on l’adore ; tous les yeux sont fixés sur elle.

On lui a dit que toutes les femmes y reçoivent un culte perpétuel ; qu’il ne faut que de la beauté pour y être adorée ; qu’elles choisissent à leur gré dans la foule de leurs esclaves le plus fait pour leur plaire ; que les maris y sont ridicules, si-tôt qu’ils veulent parler de leur empire, Elle compare cette vie libre & voluptueuse à celle qu’elle mene dans l’économie d’une maison rangée, & son imagination est trop ardente pour pouvoir s’arrêter : elle n’accorde plus que de l’estime à son amant honnête.