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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/300

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Sa mere la nourrit dans ces trompeuses illusions. Elle est avide des nouvelles de cette ville. Elle est la premiere à dire avec exclamation : il vient de Paris ! il arrive de la cour ! Elle ne trouve plus autour d’elle ni graces, ni esprit, ni opulence.

Les adolescens écoutant ces récits, se figurent avec des traits exagérés ce que l’expérience doit cruellement démentir un jour ; ils ne tardent pas à obéir à cette maladie générale, qui précipite toute la jeunesse de province vers l’abyme de corruption. Heureux encore celui qui ne perd qu’une partie de sa fortune, & qui apprend à être sage pour le reste de ses jours ! Il n’appartient qu’à l’indigence absolue & au génie transcendant de visiter cette capitale. Ceux qui vivent dans une heureuse médiocrité, tant du côté des talens que du côté de la fortune, ne sauroient qu’y perdre.

Ceux qui reviennent dans leur patrie se croient en droit d’y mépriser tout ce qui n’est pas selon les us de la capitale. Ils mentent aux