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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/307

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offrit une future image de ce que nos cités deviendront à leur tour ; mais peut-on réfléchir à cette catastrophe sans redouter les accidens de la nature, la fureur des élémens, celle des conquérans, plus terrible encore ? Qu’offrirons-nous dans deux mille ans aux regards curieux & scrutateurs ? Quelle est la statue, quel est le livre qui surnagera sur l’abyme de nos arts engloutis ou renversés par les ravages du tems, ou par le courroux des rois ?

La poudre infernale (dont les magasins se sont multipliés sur-tout en Europe, & auxquels une étincelle suffit pour tout dévorer) ne devient-elle pas, dans les mains de l’ambition ou de la vengeance, un moyen immense de destruction, & plus dangereux mille fois que les matieres embrasées que les volcans vomissent de leur inépuisable cratere ? Les fléaux de la nature ne sont plus rien en comparaison de ceux que l’homme a créés pour sa ruine & celle des populeuses cités qu’il habite.