Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/324

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je dédaigne les autres, mais parce que je puis examiner celle-ci sans qu’elle tende un piege à mon amour-propre.

Les recherches sur la population de la France, par M. Moheau, peuvent être applicables à la population en général ; mais elles ne sauroient l’être à la Capitale, parce que les causes morales l’emportent ici sur les causes physiques. La comparaison du nombre des morts à celui des naissances ne suffit pas ; l’affluence des étrangers forme une classe d’habitans qui, pour ainsi dire, ne naissent ni ne meurent ; les provinces seules y versent une foule de voyageurs qui ne font que passer, & qui se renouvellent sans cesse. Une fête publique attire quelquefois cinquante mille étrangers. Paris compte aujourd’hui beaucoup plus d’habitans qu’il n’en comptoit il y a soixante ans. Les calculs sur la durée de la vie, qui servent de base aux spéculations en ce genre, sont erronés quand il s’agit de Paris. Tous les enfans qui y naissent vont en nourrice, la moitié meurent, & les