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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/37

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à ces travaux impitoyables & renaissans ?

Quel contraste ! l’une succombe en nage sous une double charge de citrouilles, de potirons, en criant, gare, place ! L’autre, dans un leste équipage dont la roue volante rase la hotte large & comblée, sous son rouge & l’éventail à la main, périt de mollesse. Ces deux femmes sont-elles du même sexe ? Oui.

Quelquefois un de ces porte-faix met sur ses crochets exactement tout le ménage d’un pauvre individu ; lit, paillasse, chaises, table, armoire, ustenciles de cuisine ; il descend toute sa propriété d’un cinquieme étage, & la remonte à un sixieme. Un seul voyage lui suffit pour transporter les meubles & immeubles du misérable ; le porte-faix est plus riche que lui : car le malheureux, pour le simple transport, paiera peut-être le dixieme de la valeur intrinseque de ses effets. Hélas ! il est obligé de changer de logement tous les trois mois, parce qu’il n’a pu payer que la moitié de son terme ; & c’est à qui le chassera plus loin.

Mais comment avoir de la pitié, dira le