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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/43

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douce, plus sûre & plus tranquille. La fille célibataire par choix, n’est point rare aujourd’hui dans l’ordre mitoyen : des sœurs ou des amies s’arrangent pour vivre ensemble, & doubler leurs revenus en les plaçant en rentes viageres. Ce renoncement volontaire à un lien constamment chéri des femmes, ce systême anti-conjugal n’est-il pas bien remarquable dans nos mœurs ?

Chez les Lacédémoniens, les femmes chaque année fouettoient les célibataires dans le temple de Vénus. Que diroit Licurgue, s’il voyoit aujourd’hui nos demoiselles dédaigner l’autel de l’hyménée, embrasser le célibat, s’en montrer les apologistes, & vivre dans une espece de liberté masculine ? liberté qui, chez aucun peuple de la terre, ne fut le partage de leur sexe.

Qu’arrive-t-il de cet étrange désordre ? Les gens aisés, qui ne se marient point, ou qui se marient tard, ne font presque pas d’enfans : les gueux qui se marient intrépidement, & qui se marient trop tôt, en font beaucoup ;