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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome IV, 1782.djvu/76

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Le lendemain des noces bourgeoises, ou tout au plus huit jours après, quel changement s’opere dans l’esprit de l’amoureux mari ! De quelle hauteur tombent les espérances de tel honnête artisan ! Il croyoit avoir épousé une femme économe, rangée, attentive à ses devoirs. Il lui trouve tout-à-coup l’humeur dissipatrice ; elle ne peut plus rester à la maison ; elle joint la dépense à la paresse. L’inconséquence, la légéreté, la folie remplacent les occupations utiles, où elle avoit été élevée dès l’enfance. Loin de fixer dans son ménage l’aisance & la paix par un sage travail, elle se livre à la frénésie des parures.

Qui l’eût dit, que le mariage altéreroit à ce point ses premieres dispositions ? Cette fille timide, craintive, occupée dans la maison paternelle, est devenue une femme exigeante, altiere, qui ne songe qu’à ses propres jouissances, parce qu’elle a mis dans sa tête que tout l’entretien d’une maison devoit rouler sur le mari, tandis que le rôle de la