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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/101

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Cette époque infiniment curieuse a déterminé nos mœurs actuelles, & pour un tems qui paroît devoir être considérable. Si la base de la morale est à demi-renversée, la régence a occasionné ce changement rapide dont l’influence n’est pas encore à son terme.

On se rassemble à midi au cadran du Palais-Royal. Des désœuvrés, montre en main, mettent l’aiguille sur onze heures soixante minutes, & s’en vantent toute la journée.

Au Caveau, d’autres désœuvrés agitent ces questions oiseuses & littéraires, mille fois rebattues, & dont la génération timide de nos jeunes auteurs ne paroît pas vouloir encore sortir.

Quand le duc de Chartres voulut convertir son jardin en bâtimens, chacun cria comme s’il eût été propriétaire du lieu. Malgré le public qui regardoit cette promenade comme une jouissance acquise, malgré ses vives clameurs, le duc fit tomber sous la coignée ces arbres qui, sous leurs ombrages, avoient vu les marchés clandestins des filles d’opéra. Ja-