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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/104

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a aussi ses arts brillans ; mais des coutumes fort extraordinaires.

Un prince du sang, chez ses Tahuglanks, établit sa chaise percée tout au milieu de sa chambre, en présence de sa maison & de ceux à qui il donne audience. C’est une prérogative dont il se montre jaloux. Placé sur ce trône mobile, le prince constipé ou dévoyé fait publiquement, sans voile & sans paravent, toutes les grimaces que lui commande sa situation. Un grand valet debout & attentif lui présente des pattes de coton avec lesquelles le prince s’essuie ; le valet les range l’un dessus l’autre comme des beurrées, & sous l’œil ouvert des assistans. On voit les déjections de monseigneur. L’odorat des courtisans rassemblés a beau s’armer de constance, il ne peut se soustraire aux tourbillons des alkali-volatils.

De belles dames qui viennent faire leur cour & demander des graces, arrivent quelquefois au milieu de la cérémonie, & ne s’en vont pas : ce seroit un manque d’usage. Elles restent & font la conversation de l’air du monde le plus aisé.