Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/105

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 103 )

Mais si le seigneur Tahuglank chie au nez de tous ceux qui entrent chez lui le matin, son maître le lui rendra bien le lendemain ; il s’asseyera encore plus fiérement sur la chaise percée, & embaumera son vassal. Celui-ci aura besoin de la ferme contenance qu’il exigeoit la veille ; il n’osera pas détourner la tête ; la conversation ira son train, comme si les parfums les plus suaves remplissoient l’appartement ; il n’offrira qu’un nez impassible en songeant que c’est un prêté-rendu, & qu’à trois jours de là, lorsqu’il prendra médecine, sa cour particuliere aura le visage calme & serein à l’aspect des contorsions redoublées, qu’il variera tout à son aise & dans tout le loisir possible.

Voilà bien le sujet d’un chapitre pour un nouveau Rabelais ; mais je ne suis pas assez docte pour l’entreprendre. En quel tems a commencé cette coutume ? Comment s’est-elle perpétuée ? Comment regne-t-elle encore chez ce peuple, dont les gazettes nous vantent le goût, la politesse & les graces ?