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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/120

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quartier. C’est un tourbillon qui se répand jusques dans la rue. Les poudrés sortent de dessous la houppe avec un masque blanc sur le visage. L’habit du perruquier pese le triple. Battez-le ; je parie pour six livres de poudre : il en a bien avalé quatre onces dans ses fonctions, d’autant plus qu’il aime à babiller.

Eh bien, le dimanche, à quatre heures du soir, ce même perruquier, lassé de sa blanche poussiere, monte dans une chambre, se met nu de la tête aux pieds, se lave, s’essuie, & passe dans une seconde chambre voisine & séparée, où il s’habille proprement en noir. Il n’ose lui-même repasser par sa farineuse boutique, il sort aussi propre qu’un conseiller.

Où va-t-il ? À l’opéra, voir danser mademoiselle Guimard, dont il vante les graces. Il se trouve à côté de celui qu’il a coëffé le matin. Alors il peut se frotter sans crainte à son voisin, & rouler parmi les flots du peuple extasié. Ce n’est plus un merlan, c’est un juge en musique.

Lorsqu’il rentre, il se déshabille avec soin, range son habit propre, met de côté sa che-