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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/122

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d’eau, peigner un savant, papillotter un clerc de procureur, il faut préalablement avoir acheté une charge.

Quelque chose encore, qui tout-à-la-fois attire & repousse l’œil dans la boutique d’un perruquier, c’est le pâté de cheveux sorti du four. Sa croûte, sa ressemblance extérieure avec les bons pâtés de Périgueux, dites, cela ne fait-il pas frissonner ?

Il n’y a pas plus de cent ans que la perruque étoit un ornement rare & coûteux. Une perruque (frémissez, têtes chauves !) se vendoit jusqu’à mille écus. Il est vrai qu’elle étoit d’un volume énorme, & qu’il falloit dépouiller plusieurs têtes pour en couvrir une seule. Aujourd’hui, sans se ruiner, on couronne son chef d’une chevelure artificielle pour quatre pistoles ; & cette perruque moins chere est mieux faite, mieux plantée, & imite le naturel à s’y méprendre.

Les maîtres d’école des environs de Paris, les vieux chantres, les écrivains publics, les huissiers vétérans n’y regardent pas de si près.