Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/168

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 166 )

Cette immensité harmonique de l’univers, ce concours de tant d’objets, dépendant d’une seule & même cause, tout ce poids de sagesse, de rapports, de vues & d’intelligence, n’écrase point l’athée. Il ferme les yeux pour ne pas voir ; il durcit son cœur pour ne point sentir. Il défend à son ame d’obéir à cette idée douce, consolante & universelle, qui nous porte tous vers un Être suprême. Il ne veut point d’un œil ouvert sur les actions des hommes ; il semble craindre que la vertu n’ait sa récompense, & que le tyran, oppresseur de ses semblables, ne rencontre bientôt un vengeur.

On diroit qu’il nourrit en lui-même des motifs secrets pour embrasser le systême du désespoir & celui du crime.

Tandis que l’adorateur du Dieu juste & bon regarde avec joie la voûte des cieux, si vaste, si brillante, & la contemple comme le palais d’un Maître puissant & magnifique, dont la grandeur est le titre irrévocable de notre félicité, l’athée n’apperçoit que des