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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/17

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un appréciateur. Il ne manque jamais de donner son avis ; parce que le vrai jour de la beauté, dit-il, dépend encore de l’œil qui sait l’apprécier.

Le peintre avoue qu’il n’a pas le coup-d’œil aussi fin que l’appréciateur ; il adopte toutes ses remarques avec une attentive complaisance. Telle femme est trois mois à se faire peindre. Mais on aime tellement les beaux-arts, qu’on ne peut se détacher de l’attelier où brille le savant pinceau. D’ailleurs les appartemens voisins sont meublés avec un goût & un art infini ; aucun dégagement n’y manque. L’appréciateur entre & sort à propos. Le peintre est homme d’esprit encore, & sa femme est charmante. Le moyen qu’une femme qui aime la peinture à la folie, ne prolonge, ne multiplie les séances, jusqu’à ce que le portrait soit assez ressemblant, pour qu’il puisse être offert à son époux. Oh, que sa physionomie doit être animée & satisfaite !

Une femme en faisant ce don s’écria avec