Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/18

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 16 )

une naïveté très-remarquable : En vérité, mon cher, ce n’est point la copie que je vous donne.

Pour le commun bourgeois, il fait venir le peintre chez lui ; il appelle le premier qu’on lui enseigne. Il ne manque pas d’être présent, lorsque le pinceau vulgaire défigure sa femme à bon marche : il lui sourit niaisement pour mettre en jeu toutes ses graces. La femme minaude, & le peintre la fait plus laide & plus grimaciere qu’elle ne l’est réellement.

Le portrait achevé, le mari prend la place de sa femme à sa recommandation, & fait peindre son large visage avec sa plus belle perruque. Cette rare figure doit orner un brasselet que sa femme portera toute sa vie. Rien de plus mal peint ; la gaucherie du pinceau surpasse encore celle de l’époux. Les deux portraits manqués, quoiqu’ils ne soient pas exempts de ressemblance, n’en seront pas moins offerts à l’admiration de toute la famille & de tous ceux qui fréquentent la maison ; & ces burlesques effigies feront l’époque du plus