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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/174

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mesurer les distances, le rapport, le vol des astres, & pour avoir le sentiment profond des prodiges qui se déploient autour de lui ? Ce temple seroit inanimé & désert si le prêtre de la Divinité, si l’homme n’étoit pas au milieu pour adorer & se prosterner devant l’ouvrage de la Sagesse éternelle.

Sans l’élan d’une ame sensible, l’univers est froid, mort & stérile. L’hommage de sa pensée, voilà ce qui donne une ame à la nature, en établissant un rapport entre l’ouvrier & l’ouvrage.

Que l’homme soit donc un moment orgueilleux de son origine ! C’est vraiment pour lui que le monde existe. Ces soleils immenses, ils ne se connoissent pas ; & lui il les pese. Sa pensée s’élance au-delà des limites où pénetrent leurs rayons. Elle a une sphere d’activité plus grande que la leur ; elle paroît le point où tout ce qui est créé peut & doit aboutir. Ardent & tranquille contemplateur des merveilles de la création, il en est le chef-d’œuvre, puisque c’est son ame qui sent