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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/19

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haut degré de l’affection maritale. Le peintre est quelquefois témoin du transport que son ouvrage excite, & il s’en applaudit : on mouille de larmes sa peinture chargée & enluminée, que le couple attendri baise & prend pour un chef-d’œuvre. La femme grimace sur la boëte du mari, & le mari fait la moue sur le riche brasselet de sa femme. Il est des instans dans le ménage où la ressemblance devient exacte.

Une foule de barbouilleurs vivent de leurs pinceaux ignares, mais qui sont assortis à une classe nombreuse ; ils peignent comme certains perruquiers coëffent. Mais tout cela passe, & la tête mal peinte & mal coëffée n’en sera pas moins transmise aux générations futures ; car chez la bourgeoise le mauvais pinceau peut encore prétendre aux honneurs de l’immortalité.