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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/206

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Un cardinal ne récitoit jamais son bréviaire, dans la crainte de corrompre sa belle latinité.

Combien y a-t-il d’évêques, d’abbés commendataires, de chanoines, qui disent réguliérement leurs bréviaires ? Mais s’ils ne le disent pas, ils achetent les quatre volumes, bien reliés & dorés sur tranche. Ils en ont toujours un tome ostensible qui repose sur leur cheminée ; & voilà tout ce que demande le libraire de Hansy, qui fait sa fortune avec ces volumes latins, lesquels se vendront encore plus long-tems que les œuvres de Rousseau & de Voltaire.

Que les noms de Luther & de Calvin doivent être en horreur aux libraires qui tiennent en gros magasin ces Heures, Offices, Semaine sainte, &c ! Ces réformateurs ont appris à prier en langue vulgaire. Si l’on s’avisoit à Paris de chanter les pseaumes de David en françois, que deviendroit cet amas énorme de latin qui rapporte un revenu sûr & ample aux libraires non lettrés, qui n’entendent pas un mot des hymnes qu’ils ont imprimées, mais qui les