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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/253

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noisseurs, dont l’imagination supplée à tout ce que le chanteur est dans l’impuissance de représenter.

On peut faire quelques reproches aux chanteurs Italiens ; on peut les reprendre assez vivement de ce que dessus le théatre ils sont distraits, inattentifs, indifférens, lorsqu’un interlocuteur leur fait quelques récits, froids, lorsqu’ils devroient paroître tout de feu, hébétés, lorsque leur rôle exige un air spirituel & réfléchi. Mais parmi nous, n’est-ce pas insulter au public, que de s’amuser à sourire aux jolies femmes dans les loges, à saluer ses amis dans le parterre, à répondre même aux colloques des coulisses ? Ne croiroit-on pas, en effet, que ces êtres destinés à représenter les héros & les dieux, viennent alors dire aux spectateurs : messieurs, ne vous y trompez point, nous ne sommes ni Hercule, ni Jupiter, ni Junon, ni Andromaque ; nous sommes vos très-humbles serviteurs & servantes, l’innocent signor Petricino, le grimacier signor Mugnetino, la modeste signora