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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/258

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que l’œil trompé leur attribue de loin une grosse & formidable armée.

Les puissances de la terre lui en imposoient au fond de son cabinet ; sa plume mollissoit ; & les noms de roi, de souverain, de ministre sur-tout, lui inspiroient des idées extraordinairement fausses. Tout ce qu’il a écrit dans l’histoire est infesté d’un vice radical, de l’ignorance absolue où il étoit des grands & véritables principes politiques.

Il n’a guere qu’un seul but dans son Histoire universelle, & il immole tout à cette idée ; c’est une satyre perpétuelle du pouvoir ecclésiastique. Constamment attaché à sa proie, les autres idées politiques lui échappent, & même il ne les cherche pas. Il ne voit que l’autel à détruire : ainsi il a donné une empreinte uniforme à presque tous les siecles. Les mêmes réflexions reviennent sans cesse ; & les faits sous sa plume ne paroissent pas variés : car traitant avec légéreté les matieres les plus sérieuses, &, quoique pyrrhonien, prenant un ton décisif, tantôt avec hauteur,