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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/261

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Il a dû plaire infiniment aux femmes, aux jeunes gens ; & ceux qui se sont amusés & qui ont ri, ont cru de bonne foi rencontrer la science & la vérité.

Pour le trouver sans cesse le même dans une carriere si longue, il n’y a qu’à le lire de suite. Les idées étroites de l’âge de vingt ans le dominoient à soixante : il ne travailloit pas sa pensée, mais son style.

Une secte qui s’imagine devoir distribuer exclusivement les places, l’avoit choisi pour chef. Elle vouloit couvrir de son nom l’intolérance littéraire, qui est devenue son attribut distinctif ; mais après sa mort il ne s’est point trouvé de nom assez imposant pour donner quelque base à ce singulier & ridicule despotisme. Il est tombé ; la république des lettres a reparu, & doit flétrir ces misérables tyrans.

Il a été un vrai poëte, un écrivain élégant ; il a terrassé le fanatisme & avili la superstition ; il a répandu des maximes de tolérance & d’humanité ; il a défendu l’innocence ou le malheur avec une chaleur active & généreuse :