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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/262

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voilà sa gloire. Il n’a point travaillé en grand ; il a eu des préjugés petits & bizarres. Il a trop obéi à la vanité ; il a flatté les grands & trop injurié ses adversaires. Il s’est avili jusqu’à écrire pour les libertins : voilà ses taches.

On voit qu’il fut le plus implacable & le plus furieux des hommes, dès que sa vanité d’auteur étoit offensée. Il sembloit porter écrit sur son front : adorez-moi, & je vous louerai.

On l’a appellé, dans un éloge fastidieusement louangeur, le premier des êtres pensans. C’est une sottise imprimée.

On lui fait dire au lit de la mort, lorsque le curé de Saint-Sulpice, faisant sa charge avec trop d’ardeur, l’exhortoit à reconnoître la divinité de Jésus-Christ : au nom de Dieu, ne m’en parlez pas ! … Il n’a jamais dit ce mot ; mais on a parfaitement saisi sa maniere.

Il a vécu dans ses quatre-vingt-quatre années, sept cents quatre-vingt trois mille deux cents heures. Voilà bien peu de tems pour tout ce qu’il lui a fallu apprendre & écrire,