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hautes clameurs des manœuvres. On diroit que la hache & la scie ont conspiré pour faire taire l’office divin. Mais ce n’est plus un scandale ; car il s’agit d’orner le cercueil d’un individu du sang royal.

L’architecte décorateur entoure le sarcophage de statues creuses, représentant les vertus qui précisément manquerent au défunt.

On fait venir ensuite tous les violons & basses de la ville. On brûle dix mille bougies. On étouffe dans cet enclos, qu’on environne prudemment de pompiers ; car les parens du mort ne veulent pas être brûlés vifs au milieu de cette charpente légere & dressée à la hâte.

C’est une mascarade funebre qui dure quatre heures. Rarement une larme sincere coule sur ces tombes fastueuses ; il ne manque à tous ces emblêmes de deuil qui tapissent la hauteur des voûtes, que la douleur publique.

Eh quoi, des os en poudre ont encor des flatteurs !

La famille du mort, qui a ordonné l’oraison funebre, est venue l’écouter en pompeux cor-