Aller au contenu

Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/268

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 266 )

tege. L’orgueil des rangs étale encore ses prééminences autour de l’autel de la mort ; l’orgueil demande des adulations sur la tombe de celui qui est jugé par la voix du peuple ; & c’est le sacerdoce qui se prête à cette complaisance.

L’orateur a promis quelquefois de dire la vérité ; mais ce nom, terrible à prononcer, le lie à de sérieux engagemens. La promesse est un parjure, la vérité demeure au bas de l’escalier de la chaire de vérité, & l’orateur y monte seul, à front découvert.

Il fait des tours de force pour plâtrer la difformité de son idole, ou bien il vous éblouit par des phrases compassées. Il étale des figures de rhétorique aussi vuides que celles qui semblent pleurer sur le monument. Les feintes larmes de ces menteuses effigies ressemblent à la fausse éloquence qui va frapper ces passageres décorations.

Le surlendemain l’édifice tombe ; on met en pieces les vertus de plâtre ; & l’éloquence de l’orateur, toute aussi fragile, disparoît de-