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Page:Mercier - Tableau de Paris, tome VI, 1783.djvu/30

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mes, qui paroissent d’abord fort échauffés, mais qui se fondent en un clin-d’œil, quand les soldats ont distribué quelques bourrades ou gantelé deux ou trois mutins.

Le principe d’une sédition, en la supposant universelle, seroit bientôt connu & étouffé, & Paris est à l’abri de l’alarme & de la terreur que George Gordon jeta dans Londres derniérement.

Au spectacle même, lorsque les flots du parterre se passionnent vivement pour ou contre tel hémistiche, qu’on en veut aux gestes de tel acteur, la garde fait taire la bruyante assemblée, prend le parti du mauvais poëte ou du plat comédien, & après quelques clameurs, la raison du fusil devient la meilleure.

La sédition excitée à Londres par lord Gordon, a donc paru comme un rêve aux Parisiens ; & quand ils ont appris que dans ce désordre il y avoit encore une espece de retenue, qu’on brûloit telle maison & qu’on épargnoit la maison voisine, ils s’étonnoient encore plus ; car s’ils franchissoient eux cer-